Le krav maga et le systema et une bonne école pour la self defense
Frappez là où ça fait mal!».
Telle est la philosophie du KRAV. Technique de combat de l'armée israélienne, demeurée secret défense jusqu'en 1964, elle est devenue celle du GIGN. Pour finalement se démocratiser. Avec 300 licenciés, l'association «KRAV MAGA» fait découvrir aux lillois cette technique particulière de self-defense, inventé par Imi - Imrich Lichtenfeld - dans les années 30.
Ici, pas de cinglés en treillis, venus pour en découdre violemment. C'est étonnamment mixte et de tous les âges. Il y a des professionnels de la sécurité, et ceux qui voient dans ce «combat rapproché» - sa signification en hébreu - «une réponse aux faits de société et à la délinquance». Après quelques mauvaises expériences dans la rue, Nadia, 21 ans, a décidé de s'y inscrire parce qu'elle avait «envie d'avoir un peu plus d'assurance dans [ses] réactions». Même son de cloche du côté de la jolie Sarah, 32 ans. «Dehors, il y a de plus en plus de violence. Le Krav Maga a le pouvoir de te donner davantage de sang-froid!»
Hébergé dans le gymnase Debeyre, à côté de la Mairie de Lille, l'affluence est étonnante pour un mardi soir. L'entraînement commence fort. En jogging labellisé «Krav Maga 59», la trentaine de «combattants» court, saute, et court encore. «On dirait des hamsters dans une cage!» lance, toute rouge, Déborah. C'est plus que physique. Histoire de bien chauffer le corps avant de passer au combat, il y a encore les pompes. Et les abdos. Et les courbatures le lendemain. Gilles Grosjean, l'entraîneur, s'assure que tout le monde fasse correctement les exercices... Des cheveux courts, une voix forte, c'est un homme carré, qui ne dépareillerait pas au sein de Tsahal... Mais Gilles est en fait un gars sympathique, et prompt à la blague.
Vient finalement l'heure du face à face. Après une démonstration du prof et de son acolyte, Franck, chacun apprend à éviter une droite, mais surtout à la retourner aussi sec, à se défendre d'une saisie ou d'un étranglement... L'hésitation n'a ici pas sa place. «Faut pas se poser de questions! Si tu t'en poses dans la rue, t'es mort!»
Mais contrairement au cliché, le Krav Maga ne prône pas la violence. C'est de la défense, plus que de l'attaque. Certes la technique est redoutable, et, n'a pas de règles. «De règles de compétition» rajoute Gilles. Destiné à se défendre face à tous types de menaces, tout est permis. Sauf pendant l'entraînement, plutôt convivial. Les coups ne sont pas portés réellement. «Il y a une règle quand même, celle de prendre soin de son partenaire» explique-t-il.
Et c'est en effet moins violent que prévu. «Le Krav Maga n'est pas un art martial supplémentaire mais il est la synthèse de tous les sports de combats. On est pas des warriors! Le but est juste de se défendre et d'utiliser son corps comme une arme.» Difficile en effet de parler de warriors. Affilié depuis 2005 à la Fédération française de karaté, le Krav Maga est agrée «Jeunesse et Sports». Bien que derrière l'étiquette «Krav Maga», se cache en réalité différents courants. Et donc différents styles... Mais le Krav Maga «réglo», c'est avant tout une affaire de descendance. Gilles Grosjean, le lillois, a appris auprès d'un ponte - Richard Douieb, le représentant du krav-maga en Europe - lui-même, digne héritier du créateur, Imi.
Réalisme, efficacité, simplicité - plutôt qu'un sport, le Krav Maga n'est autre qu'une technique de défense pratique et ultra-réaliste. Enfin le plupart du temps... «En jogging, pendant l'entraînement, ça va! Mais moi, quand je sors le soir, c'est mini-jupe et talons. Alors c'est plus compliqué!» confie naïvement l'une des combattantes. Technique redoutable. Mais pas infaillib