Sa philosophie : éteindre ses conflits intérieurs pour mieux combattre son adversaire. Selon William, l’agressivité résulte d’un mauvais contrôle des émotions. Or, pour que le corps puisse manifester force et précision, l’esprit doit dominer. « Si conquérir des territoires comme par le passé est révolu, reste à utiliser la stratégie physique et philosophique des anciens pour conquérir les cœurs et se défaire du danger »

Introduction

La  défense  consiste  à  arrêter  une  attaque  en  neutralisant  un  agresseur  par  l’emploi  de  techniques simples et efficaces. Elle n’enseigne pas "comment combattre…", il ne s’agit pas de sport avec des échanges de coups  règlementés,  mais  bien  de  savoir  mettre  hors  d’état  de  nuire  un  agresseur  en  stoppant  son  attaque souvent violente et en  sortir indemne ou  presque.  Sa fonction est  utilitaire et  se résume à  de  l'autodéfense.

Concrètement, la défense a donc pour finalité de neutraliser, blesser ou tuer un agresseur (dans le cadre de la légitime défense). Elle exige réalisme, efficacité tactique, tactile et technique en combinant les techniques anciennes  (notamment  celles  contre  les  armes  blanches)  et  les  techniques  modernes  (en  particulier  celles contre les armes à feu).

La pratique à mains nues a pour limites : la morphologie humaine, le sens tactique, la capacité de réactivité, la précision  du  geste,  la  maîtrise  contre  les  armes  (couteau,  bâton,  matraque...) mais  aussi  les  lois  morales  et sociales.

 

Court historique

L’appellation "Combat au corps-à-corps… est due à un officier d'artillerie français, le commandant Ferrus, qui introduisit une méthode défensive dans les forces armées dès le début du 20‡me siècle. Son équivalent anglais, le "Close-combat"… ou "Close Quarter Combat"… (CQC), apparu dans les années 1930, a connu un vrai essor au cours  de  la  Seconde  Guerre  mondiale  auprès  des  militaires  anglo-saxons.  Son  réputé  créateur,  le  major britannique  W.E.  Fairbairn,  présenta  une  compilation  pragmatique  de  techniques  de  close-combat  dans  son ouvrage "Get tough !" ("Deviens fort") essentiellement empruntées à des arts martiaux tels que le Ju-Jitsu (les techniques  défensives  japonaises) et  le kenpo (la boxe chinoise).  A  la fin  de  la seconde guerre  mondiale,  les américains  nommeront "hand  to  hand  Combat"…  ce  système  de combat. En  1947,  les  français  débaptisent  le close-combat pour le nommer "Combat rapproché"….

A la fin des années 20, Moshe Feldenkrais qui appartenait à la Haganah (force d’autodéfense juive) mit au point une méthode de combat à mains nues notamment contre  les armes blanches  et  qui fut  publié  en  hébreu. Il présenta son ouvrage à Jigoro Kano, fondateur du Judo, en 1933 à Paris, livre publié en français en 1944 sous le titre de Manuel pratique de jiu-jitsu avec comme sous-titre La défense du faible contre l’agresseur. En 1942, en Angleterre, il publia un manuel d’auto-défense sous le nom de Practical unarmed combat destiné à l’instruction des milices de réserve. Il participa aussi à la formation d’instructeurs militaires au cours de la seconde guerre mondiale. Simultanément, au cours des années 30, c’est sous le nom Kapap que se développera l’auto-défense juive. Dans les années 50, apparu une méthode inventive d’auto-défense israélienne très efficace le krav-maga mise au point par Imi Sde Or Lichtenfeld.

Le  terme  anglo-saxon  Self-defense  a  très  vite  englobé  les  différentes  appellations  de  méthodes  de  combat militaires à mains nues pour se substituer à eux en pénétrant peu à peu la vie civile et sportive. Ainsi, peu à peu, la totalité des arts martiaux ont assuré pratiquer de la self-défense ; pour les uns il s’agit du fondement même de leur discipline, pour les autres, d’une "extension naturelle……".

En  1957,  Jim  Alcheik,  développe  sous  l'étiquette  Tai-Jitsu  une  forme  de  self-défense  basée  sur  l'aïkido  et  le karaté que le Maître Minoru Mochizuki lui avait enseignées à Shizuoka (Japon). Adolphe SCHNEIDER (expert à la  Fekamt)  aura  été  son  élève  en  Tunisie.  Après  sa mort,  cette  forme  de  self-défense  sera  développée  par Roland Hernaez et Daniel Dubois (expert à la FEKAMT).

Le  terme  self-défense  sera  aussi  très  vite  usité  dans  les  forces  de  police.  En  1961,  Marcel  Avril,  moniteur national  de  la  police,  publia  un  livre intitulé Méthode  de  self-défense  à  l’usage  des  personnels  de  la  Sûreté >Nationale. En décembre 1969, la Direction des écoles et techniques de la police publia un manuel dont le titre était Self-défense, programme élémentaire qui reprenait les éléments essentiels du livre de M. Avril.

A partir de 1970, on verra apparaître les premiers ouvrages grand public traitant de la Self-défense, citons par exemples  :  Apprenez  vous-même  la  Self-défense  (Eyrolles  1971),  la  Self-défense  (Marabout  1974),  le  Guide Marabout de la self-défense (Marabout 1978) de Roland Habersetzer et Self-défense moderne par le judo de E. Couzinié et E. Crespin (Judogi 1977) préfacé par Henri Courtine.

 

Conception de la self-défense

Le  close  combat  créé  pour  la  guerre  est  un  amalgame  de  techniques  létales  (mortelles),  ou  tout  au  moins incapacitantes. Ses principes sont fondés sur des habiletés motrices simples qui visent à mettre hors d'état de nuire  un  ou  plusieurs  adversaires,  le  plus  vite  possible,  le  plus  efficacement  possible,  par  tous  les  moyens possibles (mains nues, armes, objets divers utilisés comme armes). Dans un combat pour survivre, le seul but est  d'éliminer  la  menace  avant  qu’elle  ne  nous  élimine.  La  logique  fondamentale  du  close  combat  est  donc diamétralement  opposée  à  celle  des  sports  de  ring  ou  de  tatami,  qui  tendent  à  prolonger  l'évènement  un certain temps.

Au plan civil, la SELF-DEFENSE conçue dans cet état d’esprit a pour cadre la loi sur la légitime défense.

 

L’efficacité clé de voûte de la Self-défense

A son  plus extrème dépouillement lorsque  la  survie  est  décisive,  les plus grands  experts  de  la  discipline  sont d’accord pour résumer la SELF-DEFENSE à 7 techniques particulièrement redoutables :

1) Frappe avec la paume de la main -> cible : la tête (frontal, temporal, nuque)
2) Frappe avec le coude (7 directions) -> cible : la tête (frontal, temporal, nuque, dos)
3) Frappe avec la main (pique, palme, atemi) -> cible : la gorge (creux ou trachée artère)
4) Frappe avec les doigts -> cible : l’oeil (creux orbital)
5) Frappe avec le pied -> cible : la zone génitale (testicules)
6) Frappe avec le pied -> cible : le genou (articulation interne, externe)
7) Frappe avec le poing ou le pied -> cible : le plexus solaire (creux de l’estomac)

Bien  entendu,  la  palette  de  la  SELF-DEFENSE  ne  se  résume  pas  à  ces  7  techniques,  elle  est  bien  plus  large offrant un panorama étendu de possibilités défensives adaptées aux différentes situations d’agression.

 

Doit-on fixer un cadre à la SELF-DEFENSE ou lui en interdire un ?

Certains considèrent que la SELF-DEFENSE ne doit pas être exploitée en tant que discipline sportive. D'autres pensent le contraire.  Reste  qu'en Europe,  à l'époque médiévale,  les  chevaliers  s'entre-tuaient  sur  les champs de bataille mais ils  joutaient  aussi lors  de  tournois chevaleresques  qu'on  peut qualifier  de  "sportifs",  lesquels n'étaient  d'ailleurs  pas  exempts  d'accidents  graves  et  mortels.  Cela  arrive  aussi  de  nos  jours...  Sans  doute trouvait-on la même similitude de comportement du côté des samouraïs à la même période.

Certes la SELF-DEFENSE au quotidien n'a pour destination que la défense face à une agression "civile" urbaine ou rurale.  Si  certains  sont  désireux  d'y intégrer  un prolongement sportif pourquoi pas  ? La SELF-DEFENSE n'a pas  besoin de polémiques parce  qu'elle procède par  elle-même, évoluant  et  s'enrichissant  de  la créativité  de ses  pratiquants,  sportifs,  non  sportifs.  Les  uns  comme  les  autres  se  trompent  s'ils  veulent  imposer  leurs prérogatives, centralisatrices ou historiques. Respecter les choix des uns et des autres, vivre ses propres choix, cela seule est la voie/DO. Existe-t-il une SELF-DEFENSE authentique ? A quel moment l'a t-elle été ? L'a-t-elle déjà été ? L'origine des arts de défense est multiple, constituée d'un maillage complexe de provenances géographiques et culturelles, de pratiques généralistes ou spécialisées, d'expérimentations concrètes sur les champs de bataille et de maîtres de différentes importances. La SELF-DEFENSE est une synthèse plus ou moins homogène héritée des  pratiques  ancestrales de combat  (du  Japon  bien  sûr  et  d'ailleurs  certainement).  Elle  renferme  toutes  les techniques de combat au corps-à-corps lesquelles sont englobées dans un terme générique.

 

La SELF-DEFENSE est culturelle et historique

La SELF-DEFENSE a pour particularité - c'est là son essence, son histoire et son évolution - de s'adapter à toutes les situations d'agressions d'hier, d'aujourd'hui et de demain, debout et au sol, à mains nues ou avec armes et contre les armes. Sous différents noms modernes ou anciens, c’est une discipline en mouvement qui toujours renaît de ses cendres... ne cesse de croître, de s'enrichir. C’est là son caractère d’universalité, elle continue à évoluer en s'enrichissant des apports modernes les plus récents.

Son  histoire  est  un  élément  du  patrimoine  culturel  mondial  qui  remonte  certainement  à  l'Inde,  la  Chine,  le Japon  (avec  son  Goshin-jutsu),  aux  mondes  antiques  égyptien,  grec,  romain  et  sumérien,  aux  indiens d'Amérique, aux peuples scandinaves, de Russie, d'Afrique et d’Australie, peut-être même à ceux des mondes mythiques  de Mû et  de  l'Atlantide.  Une  chose  doit  être  sûre,  l'histoire  de  la  SELF-DEFENSE  doit  remonter  à l'Ancien testament en réponse au meurtre d'Abel par Caïn...

Extrait du Manuel de formation Self-Défense Instructeur FEKAMT